Hyperloop TT : à Toulouse depuis plus de 3 ans

Dans un contexte où le transport aéronautique est remis en cause et où le train retrouve ses lettres de noblesse, quel est l’impact de la technologie Hyperloop en plein développement dans un bassin d’emploi « Airbus-dépendant » ?

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L’Hyperloop, c’est quoi ?

L’idée de Jules Verne d’un tube qui transporterait les passagers à 1500 km/h a fait du chemin. Elon Musk en développe le projet en 2012 et en pose les bases en 2013, en publiant un article sur les sites de Tesla et de SpaceX. Il y encourage la production participative, l’open source et ne pose aucun brevet pour l’hyperloop.

Le concept est finalement simple dans sa forme : un tube, essentiellement vidé de son air, contient des capsules propulsées par un champ magnétique créé par des moteurs à induction linéaire placés à intervalles réguliers à l’intérieur des tubes. Chaque capsule peut transporter aussi bien des passagers que des marchandises, sur une piste dédiée et à une vitesse défiant toute concurrence.

En théorie, ce système donne la possibilité de relier Toulouse à Madrid en 1h30, plus rapidement que n’importe quel train ou avion. Cette technologie annonce-t-elle le transport du futur en France ?

Hyperloop Transportation Technologies est installée au sein de l’Aerospace Valley de Toulouse depuis 2018

L’entreprise américaine arrive en France en même temps que la canadienne TransPod, qui choisit le centre de la France, très peu irrigué en infrastructures train comme avion, et Limoges comme point de chute. 

Virgin Hyperloop (ex-Hyperloop One) choisit de conserver son centre de recherche aux USA, en développant, comme ses deux concurrentes, des partenariats sur les continents européen, africain et asiatique.

Le bassin toulousain est très aéro-dépendant : Airbus et ses sous-traitants irriguent le marché de l’emploi depuis des décennies. La crise climatique remet en cause le développement du transport aéronautique et la Covid fait le reste, plaquant les avions au sol durant la majeure partie de l’année 2020.

On imagine tout de suite le bénéfice que le projet d’HyperloopTT trouve en s’installant dans la ville rose. Un espace immense et inoccupé, l’ancien site militaire de Francazal au sud de Toulouse, est mis à sa disposition et les créateurs de la société américaine savent pouvoir trouver dans le vivier toulousain nombre d’ingénieurs qualifiés.

Justement, avec l’épidémie Covid, ce sont des centaines d’ingénieurs toulousains qui se retrouvent au chômage partiel et leurs employeurs ont du mal à percevoir un horizon d’amélioration. HyperloopTT et sa promesse d’investissement de 40M€ tombent à pic.

La collaboration entre Hyperloop Transportation Technologies et Altran

La collaboration entre HyperloopTT et Altran consiste en un système d’échange : le savoir-faire des ingénieurs Altran contre des stock-options HTT. Altran investit donc dans une nouvelle technologie.

L’accord a été mis en place fin 2020 pour une durée de 21 mois, durant lesquelles une centaine de salariés Altran collaborera au projet, au sein du centre R&D d’HTT. De quoi soulager un pool mis à mal par les secousses vécues dans le monde aéronautique ces derniers mois.

Où en sont les études de l’hyperloop 3 ans après l’arrivée d’Hyperloop Transportation Technologies à Toulouse ?

L’entreprise Virgin Hyperloop a annoncé en novembre 2020 des essais passagers réussis sur son site du Nevada et TransPod est toujours en construction de sa voie expérimentale dans la région de Limoges. 

De son côté, la société HyperloopTT a vu le projet de développement de sa voie de tests quelque peu bousculée. Tout d’abord, le site de Francazal était pollué et sa réhabilitation a pris plus d’un an. Là-dessus, la pandémie a bloqué toute avancée significative. Mais c’est peut-être un mal pour un bien : au lieu d’une piste de 1000 mètres, HTT pourrait construire directement une ligne de 5000 mètres pour tester sa capsule, ce qui en ferait l’une des pistes d’essais les plus longues au monde pour cette technologie.

Il est donc possible que l’hyperloop soit rapidement en test à Toulouse-Francazal.

À quand Paris > Toulouse en hyperloop ?

Quand une nouvelle technologie émerge, on a qu’une hâte : essayer, toucher, tester. Il faut bien dire que ça n’est pas pour tout de suite, et on peut même émettre des doutes quant à l’application de cette technologie en France.

En effet, le tissu d’infrastructures de transport, aussi bien pour la voiture que pour le train, est déjà très dense sur le territoire français. Y ajouter le réseau dédié aux capsules de l’hyperloop pourrait entraîner des dépenses démesurées, coûter une énergie énorme, ce qui est en totale contradiction avec le credo originel de l’invention, celui de la vitesse à bas coût et à faible consommation énergétique. 

Plusieurs projets sont cependant à l’étude en France, notamment une ligne « Hyperloop Lyst », mené par l’École des Mines de Saint-Etienne, entre Lyon et Saint-Etienne, qui permettrait de relier les deux villes en 5 à 10 mn. D’autres ont été abandonnés, notamment une ligne Bastia-Cagliari (Sardaigne) longue de 462 km, dont 1200 mètres en mer, ou une ligne reliant la Gare de Marseille-Saint-Charles à l’aéroport de Marseille-Provence, dont la vitesse de voyage aurait été de 72 secondes.

Mais c’est surtout à l’Est et au Moyen-Orient que se dessine l’avenir de l’hyperloop.

Les premières capsules de l’hyperloop des Émirats Arabes Unis seront conçues à Toulouse 

La concurrence entre les trois principales entreprises aujourd’hui en lice pour le développement de ce transport du futur imaginé par Elon Musk fait aujourd’hui rage. Chacune veut être la première au monde à créer sa capsule, passer des accords avec les startups les plus innovantes, approcher les entreprises les plus intéressantes, avoir les premiers systèmes fonctionnels. Le monde de la tech les suit et la société est fascinée par ce projet tout droit sorti d’un livre de fantasy, comme l’avion en son temps.

La France et Toulouse sont en bonne position pour participer pleinement au développement de ce « train du futur » : HyperloopTT a pour projet de relier Dubaï et Abou Dhabi, soit environ 140 km en moins de 15 minutes au lieu de 90 minutes aujourd’hui.  La conception des premières capsules est prévue en France, à Toulouse.

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